Conclusion

Conclusion

Je voudrais m’attacher à faire le bilan des données recueillies à travers ce travail. L’étude de l’implantation de la cathédrale d’Évry nous aura permis d’aborder des informations d’une grande diversité concernant les lieux de culte chrétiens et catholiques en France. En effet, si la cathédrale d’Évry est conforme à la tradition sur certains points de l’analyse, elle en diffère sur d’autres. De même, on a pu établir une généralisation à d’autres lieux de culte et aux petites sœurs contemporaines de la cathédrale.

Ainsi, pour ce qui est de la conformité à la tradition, nous pouvons rappeler ces quelques éléments: au niveau de la première échelle d’étude concernant l’implantation d’un bâtiment, la cathédrale d’Évry a été édifiée grâce à la création d’un nouveau diocèse (c’est d’ailleurs la condition première à l’édification d’une cathédrale, de même que l’édification d’une église est toujours liée à la création d’une paroisse). Ensuite, le contexte général et financier ainsi qu’une équipe motivée ont été nécessaires à Evry et l’ont toujours été au cours des siècles. Concernant la deuxième échelle d’étude, la cathédrale d’Évry se situe en milieu urbain comme toutes les cathédrales puisqu’elle est le siège de l’évêché. Par rapport au bâti environnant, on peut dire qu’elle a une réaction introvertie, sa forme vient de sa fonction et non des bâtiments qui l’entourent; ce qui est bien le cas de nos vaisseaux de pierre traditionnels. Ensuite, la cathédrale de Botta prend en compte la course du soleil, et c’est un élément très important dans la tradition. Enfin pour la troisième échelle d’étude, nous pouvons souligner que l’architecte ainsi  que l’évêque ont tenu à ce que la cathédrale d’Évry contienne beaucoup de références traditionnelles. En effet, on trouve dans cet édifice religieux du XXIème siècle une forme circulaire rappelant les baptistères anciens, les éléments liturgiques conformes aux besoins de la messe ; on y a implanté une crypte pour enraciner l’édifice et on a tout le loisir de parcourir un labyrinthe calqué sur celui de la cathédrale de Chartres. Enfin, la cathédrale est entourée d’un ensemble bâti qui peut faire référence au groupe cathédral des origines.

En revanche, un des rares éléments de la première échelle d’étude qui diffère de la tradition vient du rôle même d’une cathédrale et de l’Église aujourd’hui. En effet, elle a pour rôle au XXIème siècle de rassembler et de donner aux habitants, notamment des banlieues, un signe d’enracinement dans la ville. Antérieurement, elle avait pour mission d’éduquer les fidèles et de leur enseigner la bible grâce aux décors sculptés de l’édifice par exemple. Et puis, ce n’est pas une surprise d’affirmer que la cathédrale d’Évry n’a pas été édifiée pour réharmoniser au niveau énergétique la ville nouvelle! Pour ce qui est de la deuxième échelle d’étude, on peut dire que l’orientation du cylindre n’est pas celle du soleil levant comme tant de sanctuaires, même si la notion du temps qui passe a été intégrée dans la conception du bâtiment. De plus, on ne trouve à Évry aucune concentration particulière de courants souterrains pouvant signifier une préférence de ce site à un autre pour la cathédrale. Au niveau de l’implantation des différentes fonctions dans l’édifice, donc de la troisième échelle d’étude, on peut dire que l’aménagement de la cathédrale d’Évry correspond aux exigences liturgiques. Les éléments que l’on ne retrouve par contre pas sont les références à des tracés régulateurs ou à des systèmes de proportions particuliers ou encore à des points énergétiques importants.

Enfin, suite à la généralisation que nous avons faite tout au long de ce travail sur des églises catholiques, nous pouvons faire quelques constatations : cela concerne principalement les deuxième et troisième échelles d’étude. D’abord, nous avons vu que la cathédrale d’Évry avait une réaction introvertie par rapport au bâti environnant et que cela correspond bien à la tradition dans la construction des églises. Cependant, nous pouvons dire que depuis le début du siècle, une multitude de formes est adoptée par les architectes, et cela au bon vouloir de leur sensibilité. De ce fait, on trouve des églises dont la morphologie se façonne à l’image de leur environnement et qui peuvent être qualifiées d’extraverties dans leur conception. Ensuite, nous avons vu que lorsque l’on parle de constructions d’églises, il s’agit souvent de reconstructions. Les dernières ont d’ailleurs eu lieu suite aux destructions de la dernière guerre mondiale; ce qui a permis l’édification d’églises modernes en grande quantité. Enfin, en ce qui concerne l’implantation des différentes fonctions internes de l’édifice cultuel, on peut dire qu’elle dépend des formes choisies par l’architecte. On peut ranger en deux grandes catégories les aménagements des églises: les uns relatifs à des plans centrés et les autres à des plans orientés. Pour terminer, nous pouvons dire que l’édification de bâtiments annexes à l’église est devenu une constante dans les constructions récentes: on parle de plus en plus de centres paroissiaux, voire de centres oecuméniques, et leur organisation rappelle bien souvent celle des abbayes et des couvents anciens.

Au terme de ce travail, je tiens tout d’abord à signifier combien il a été intéressant d’étudier l’implantation de la cathédrale d’Évry de Mario Botta. En effet, les préjugés à l’égard de ce bâtiment sont loin d’être insignifiants et les réflexions quant à son esthétique architecturale sont plus que variées. Étudier l’implantation de ce bâtiment m’a permis de placer l’image architecturale dans un contexte qui lui donne toute sa réalité, de juger une réponse par rapport aux questions qui sont posées au départ…

Ensuite, je pense que l’intérêt d’une étude comme celle-ci est d’avoir étudié un bâtiment contemporain certes, mais sans se limiter aux préoccupations d’un architecte à un moment donné de sa carrière. Cet élargissement du sujet à d’autres références m’a permis de prendre conscience de l’importance d’un bâtiment par rapport à l’histoire de sa fonction. Un bâtiment ou un site n’existe jamais seul, pour lui-même. Il est toujours tributaire de l’actualité sociologique, politique ou artistique, de même que de son lourd passé. L’architecte puise dans cette immense banque de donnée pour inscrire au mieux une œuvre humaine, sur la terre et pour les hommes. Je pense avoir ainsi offert une banque de données assez significative au sujet de bâtiments cultuels catholiques et ceci grâce à l’étude d’un bâtiment contemporain qui est la cathédrale d’Évry.

Enfin, comme je le présentais dans l’introduction de ce travail, il serait maintenant intéressant d’appliquer ce même plan à l’étude d’autres fonctions architecturales. Je me permets donc de proposer, à d’autres étudiants peut-être, sur la même base de travail d’étudier, à la lumière d’un bâtiment contemporain, l’implantation de ces autres fonctions.