1ère Echelle d’étude

Première échelle d’étude

La cathédrale d’Évry.

 

Nous allons commencer par essayer de voir d’où vient la nécessité et quelles sont les conditions nécessaires à l’implantation de la cathédrale d’Évry sur le territoire. Comment ce dernier est-il divisé et comment les cathédrales y sont-elles réparties? Dans quels contextes l’édification d’un tel lieu de culte est-elle possible: au niveau politique, économique ou au niveau des relations entre l’Église et l’État? Quelles sont les personnes concernées par les décisions, Quelles sont les conditions financières nécessaires? Quel est le rôle de l’église, quelle est sa nécessité au niveau sociologique? Enfin quelle est l’importance de l’édifice-cathédral par rapport à la terre et aux forces cosmo-telluriques?

 

Division du territoire en diocèses.

 

            L’Église aujourd’hui est indissociable de son histoire ; c’est pourquoi je vais partir de ses débuts. Elle a été mise en place par rapport à l’organisation de la Rome Antique, de l’Empire romain. En fait, au départ, les fidèles se rassemblaient dans des édifices qui servaient déjà à d’autres usages; ce qui bien sûr a fini par poser des problèmes. C’est alors que Calixte, à l’époque, a décidé que les locaux de l’Église deviendraient indépendants des locaux de l’État. Il constitue à cet effet la couronne des vingt-cinq « titres » autour de Rome. C’est à ce moment-là que l’Église a commencé à s’organiser et la première organisation obéit à la loi romaine. Des évêchés sont mis en place ainsi que leurs limites géographiques. Ces limites sont alors en Gaule les mêmes que les limites administratives de l’Empire romain.

            Les territoires de l’Église sont les diocèses et il n’y existe qu’une seule cathédrale par diocèse. De plus, la création de diocèses nouveaux est toujours liée au phénomène d’urbanisation :

            « S’il existe un déterminisme en histoire, celui de l’urbanisation est sans doute l’un des moins contestables. Dans le passé, l’évolution des sociétés fondées sur le commerce et les échanges de production est marquée en période instable par des alternances d’urbanisation et de retour à la terre. Le développement culturel va de pair avec le développement de l’urbanisation tout comme il accompagne le développement de la religion. L’urbanisation dépend elle-même de facteurs économiques et politiques : la prospérité, propice aux échanges, la paix retrouvée, lui sont favorables. La France a connu un tel phénomène du XIème au XIIIème siècles, alors que cessent les grandes invasions, que s’enrichissent les bourgeois et que les paysans défrichent de nouvelles terres.

            Sept siècles plus tard, après la première guerre mondiale, de nouveau, une forte migration des campagnes vers les villes, avec du retard sur les autres pays d’Europe de l’Ouest. » On peut dire que la poussée d’urbanisation du XXème siècle, comme celles des XIIème et XIIIème siècles va avoir des conséquences par rapport à la création d’un nouvel édifice cathédral.

 

En ce qui concerne la cathédrale d’Évry, « c’était en 1961. Le général de Gaulle était alors président de la république. Confronté au problème de l’extension mal maîtrisée de la banlieue parisienne, et conscient des difficultés qui risquaient de surgir dans l’avenir, il reçoit le 11 août Paul Delouvrier, auparavant Délégué général du Gouvernement en Algérie, et placé depuis peu par Michel Debré, Premier ministre, à la tête du tout jeune district de la Région de Paris. Son propos est bref mais clair : « c’est important politiquement et pour la France que Paris retrouve une image de cité moderne. Il faut mettre de l’ordre là-dedans. »

            Évry-Petit-Bourg (six milles habitants) a alors été choisi pour devenir la première ville nouvelle de la région parisienne, suivie de Saint Quentin en Yvelines, de Meulin Sénart de Cergy Pontoise et de Marne la vallée ; et l’agglomération compte aujourd’hui trois cent mille habitants. Il faut dire que suite au baby boom, la démographie est devenue très importante autour de la capitale, au point que le diocèse de Versailles, dans lequel était contenu Évry, comptait au début des années soixante-deux millions d’habitants et l’Église ne le maîtrisait plus.

            C’est ainsi qu’en 1964, un nouveau découpage administratif a eu lieu en région parisienne avec la création des huit nouveaux départements. Parallèlement, en 1966, ont été crées de cinq nouveaux diocèses en Ile de France, dont le diocèse de Corbeil-Essonne le 9 octobre 1966. Monseigneur Malbois y est nommé évêque, et c’est l’église Saint Spire de Corbeil qui devient alors cathédrale.

            En 1984, Monseigneur Guy Herbulot, évêque actuel du diocèse Corbeil-Essonnes, transfert l’évêché dans la ville nouvelle d’Évry, préfecture du département de l’Essonne. Cependant, il y a, à Évry, pour seuls lieux de culte quelques églises rurales et de simples gymnases alors que la ville représente bientôt un total de cent mille habitants, avec un potentiel de dix pour cent de pratiquants, soit dix mille personnes. Dans ces conditions, Monseigneur Guy Herbulot décide d’y édifier une église cathédrale qui sera la première construite en France depuis plus d’un siècle. Cependant, cette décision n’aurait pas été possible s’il y avait déjà eu une église de taille assez importante à cet endroit. Enfin, le premier janvier 1989 le diocèse prend le nom d’Évry-Corbeil-Essonnes et compte aujourd’hui plus de trois cent mille personnes.

 

            Le contexte

 

            Nous pouvons nous demander à présent dans quel contexte a pu être construite la cathédrale d’Évry, quelles ont été les appréhensions de départ, mais aussi les opportunités, politiques entre autres, qui ont permis l’élaboration de ce projet.

            Tout d’abord, il faut signaler que certains n’ont pas manqué de dire que cette décision est une réponse des catholiques aux musulmans qui ont entrepris de lancer la construction d’une mosquée, à proximité du centre de la ville. « Telle est d’ailleurs l’interprétation de Khalil Merroun, président de l’association culturelle islamique et recteur de la mosquée d’Évry. Selon lui, la cathédrale a pour objet de répondre au défi que représente pour les catholiques d’Évry une communauté musulmane très pratiquante et en pleine expansion. »

            Cependant, ceci ne peut être retenu comme un argument valable, dans la mesure où « nous sommes entrés dans une ère de sociétés mixtes, métissées et multireligieuses. Les villes nouvelles en sont les témoins privilégiés. » D’ailleurs, à Évry, « le symbole de la coexistence pacifique entre religions réside dans la juxtaposition et même la covisibilité du minaret de la mosquée et du clocher de la cathédrale ».

 

            D’autres éléments entrent ensuite en compte concernant les conditions dans lesquelles le projet a été mis en place :

            En 1971 paraît un rapport intitulé Pour une politique nouvelle de l’équipement religieux au sous titre évocateur : Faut il encore construire des églises ? Aussi, dans les premières pages, la problématique est énoncée : « La paroisse traditionnelle est remise en question, la notion d’édifice sacré est discutée, la célébration du culte se répand, comme aux premiers temps de l’Église, dans les locaux d’habitation et les salles de réunion. » En fait, l’Église n’a pas su répondre aux attentes et aux questions de mai 1968 et se trouve attachée à une image stéréotypée et sans passion.

            Suite à cela, il va y avoir une mutation de vocabulaire et nous allons voir apparaître des termes comme relais paroissial, moins entaché de spiritualité moribonde et plus accrocheur pour les nouveaux chrétiens.

            Nous pouvons dire que la cathédrale d’Évry a vécu le dilemme d’une Église qui se cherche, encore plus qu’ailleurs dans la mesure où ses fidèles tentent de trouver eux-mêmes des racines propres à leur épanouissement. « En attendant, partout le centre paroissial fait école, avec une convivialité sans précédent. Patchwork architectural composé de plusieurs salles ; adaptation souple, par cloisons extensibles, aux différents besoins (culte, catéchèse, réunions, répétitions…) ; parfois même, vocation oecuménique permettant, à quelques heures d’intervalle, d’exprimer une foi multiple dans les mêmes locaux. » Les catholiques cherchent à se rencontrer. Nous pouvons souligner aussi que la pratique religieuse autrefois était obligatoire et qu’aujourd’hui elle est totalement libre ; ce qui influence largement le contexte dans lequel est construite la cathédrale du XXIème siècle. Les chrétiens ont donc bien besoins de se rencontrer, la question était de savoir si le lieu pouvait devenir une cathédrale et par là même un signe dans la ville.

 

            La cathédrale d’Évry est la première cathédrale construite depuis la séparation de l’Église et de l’État. Et donc, « une nouvelle cathédrale est aujourd’hui un bâtiment privé, construit par l’une des Églises de l’une des religions que l’on trouve en France. Elle ne peut plus être l’élément fédérateur et central qu’elle fut au temps où le catholicisme était religion d’État ».Il fallait donc que le climat général soit favorable, et c’est ce qu’explique Claude Mollard, dans son livre La cathédrale d’Évry :

            « Le contexte était en effet favorable : une équipe d’hommes volontaires et audacieux, une communauté religieuse active et jeune, mais aussi un contexte économique encourageant : en 1988, pour la première fois depuis de nombreuses années, le chômage recule et le climat politique est ouvert ; Michel Rocard est à Matignon, le gouvernement s’ouvre à la société civile, la loi sur le mécénat culturel de François Léotard entre en vigueur et favorise l’ouverture du monde de l’entreprise à l’action culturelle ; c’est aussi le retour de Jack Lang rue de Valois et de sa capacité d’enthousiasme renouvelée. Il décide de soutenir malgré les réserves de l’administration, ce projet de cathédrale. »

 

            Par ailleurs, la construction de la cathédrale est décidée au moment du « retour du monumental », et ce retour du monumental, constaté en France comme à l’étranger, et accélérée par « l’action conduite par François Mitterand et orchestrée par Jack Lang autour de grands projets fondateurs pour l’organisation de la société ». En Allemagne, en France, aux États-Unis et dans tous les pays développés, on construit aussi d’innombrables musées qui répondent à une nouvelle soif de culture.

 

            Les chrétiens ne sont donc pas les seuls à se sentir concernés par l’édification de la cathédrale, même si pour certains elle est un bâtiment culturel avant d’être la maison de Dieu. C’est d’ailleurs la mairie qui a offert l’emplacement et ce sont les hommes politiques locaux qui ont insisté pour sa création.

 

            Le rôle de l’Église, le rôle de la cathédrale.

 

Le rôle premier d’une cathédrale, en plus d’être le siège de l’évêque est aujourd’hui de servir une paroisse, tout comme aux temps de ses débuts. D’ailleurs, il est très important à Évry puisque, nous l’avons vu, il y a dans ce diocèse un manque cruel de lieux de culte.

 

            Cependant, nous allons d’avantage développer ici le rôle social de la cathédrale en commençant par le problème des banlieues.

            Banlieue, signifie au départ le « territoire situé dans le voisinage et sous la dépendance d’une ville ». « Le mot vient de ban, signifiant la juridiction et l’impôt. L’usage en a transformé le sens. La banlieue semble être devenue le lieu du bannissement. Cette ambivalence du mot ban est significative de la transformation qui a affecté notre réalité urbaine : d’un coté un espace considéré comme une entité à part entière de la ville et polarisée par elle, de l’autre une zone de rejet et d’éloignement. » De plus la population des villes nouvelles est très hétérogène : il y a beaucoup d’étrangers dans la mesure où le coût du logement y est moins élevé que dans le centre de Paris. L’homme ne se retrouve pas dans sa communauté et la vie y est caractérisée par l’anonymat. On peut dire que cette perte d’identité est due au manque de lieux dans ces espaces urbanisés. L’homme n’a plus de point de repère. Les urbanistes « s’appuyaient d’ailleurs sur les réalités de l’urbanisation au Japon ou aux États-Unis depuis cinquante ans. La ville devait être conçue comme un réseau et faite de maillages. Mais la réalité de la France n’était pas forcément celle de l’étranger. De plus, qui dit réseau implique tête de réseau et un réseau décapité n’en est plus un : c’est un désert. Il n’est pas étonnant par conséquent que l’évolution de la ville nouvelle d’Évry depuis vingt-cinq ans se caractérise par une sorte de quête inlassable d’un centre introuvable ! ». D’ailleurs divers essais ont été effectués pour faire vivre un centre ville, par exemple avec un programme de bâtiments publics, de hauteur limitée et de brique en façade !

            Il est possible que les habitants aient en fait la nostalgie d’un grand bâtiment religieux au cœur même de leur ville et ce par rapport à un besoin de repère traditionnel dans une ville à l’urbanisme très complexe. En fait la cathédrale devient le prétexte à un lieu de rencontre avec Dieu peut-être, mais avec les autres certainement. Nous allons encore citer Monseigneur Guy Herbulot au sujet de cette inexistence de centre dans la ville, dans la mesure où lui-même explique que lorsqu’il est arrivé à Évry il y a une dizaine d’années, il ne savait pas du tout où se rendre lorsqu’il sortait de l’évêché ; c’est exactement le contraire de l’idée que l’on peut se faire de la ville, qui est censée être un lieu de regroupement humain.

            « Les besoins pour les catholiques de mieux se connaître, de se rencontrer, de se rassembler ; besoins pour tous ceux et toutes celles qui ne partagent pas la foi chrétienne de voir s’inscrire dans le paysage des villes ces symboles qui aident les hommes, de notre temps à se révéler à eux-mêmes dans tout ce qu’ils sont, dans toutes les aspirations les plus profondes et les plus universelles.

            La ville a besoin d’un signe traditionnel qui traduise ses racines : une cathédrale, mot si riche de sens dans la culture française, donne un visage nouveau à la cité. »

            La cathédrale a donc pour rôle, à l’aube du vingt et unième siècle, de rassembler et d’établir un repère dans la ville. Elle est l’expression essentielle de notre patrimoine. De plus, elle offre une pause, une occasion de réflexion et de prière. Selon Mario Botta, architecte de la cathédrale, « une cathédrale aujourd’hui, c’est une nécessité pour les croyants et les laïques, c’est un témoignage qui nous relie au grand passé, quand nos belles vieilles villes étaient nouvelles… ».

 

            Toutes les personnes concernées par la décision.

 

« Quand un projet architectural réussit, c’est toujours grâce à la solidité d’une équipe dont les membres sont soudés, les compétences complémentaires et qui sont capables d’oeuvrer sur une période relativement longue. »

 

            Les équipes concernées par l’édification d’un bâtiment cultuel ont bien changé par rapport à celles du moyen âge. Elles se sont bien entendu complexifiées et nous nous trouvons face à une liste importante d’intervenants ayant tous un rôle indispensable dans la mise en place du projet : des architectes, des programmateurs, des ingénieurs, des financiers, des juristes, des informaticiens, des spécialistes en communication, des conservateurs de musées, des conservateurs de bibliothèques, des spécialistes de la musique, des spécialistes du design industriel, des ingénieurs audiovisuels, des documentalistes, des animateurs, des responsables marketing, et la liste pourrait être largement complétée !

            Nous allons faire connaissance, dans le cas de la cathédrale d’Évry, avec tous ces acteurs particuliers qui se trouvent comme dans une pièce de théâtre, soit au devant de la scène, soit dans l’ombre, mais qui tous permettent au spectacle d’être réussi.

            Tout d’abord, il y a un homme, Monseigneur Guy Herbulot, évêque dans le diocèse d’Évry-Corbeil-Essonnes depuis 1978 qui est l’initiateur premier de l’implantation d’une cathédrale à Évry :

            « La véritable origine de la cathédrale d’Évry est un acte de foi. C’est la décision de l’évêque, Guy Herbulot, en 1988, de donner au projet sa pleine autonomie architecturale, sans plus chercher à se faire offrir des moyens de financement que, depuis des années, on considérait impossibles ou inopportuns.

            Délibérément, il se place le dos au mur, contraint de justifier lui-même le projet vis-à-vis de ses proches, de l’opinion publique et de ses financiers, et l’on sait que la foi permet de renverser des montagnes… »

            Très vite, Guy Herbulot ne pouvant lancer le projet sans l’accord de l’établissement public, se trouve associé à Yves Boucly, Directeur Général de l’Etablissement Public de la ville nouvelle d’Évry (EPÉVRY). Tous deux se trouvent donc engagés dans l’aventure par un commun accord, d’autant plus que Yves Boucly est un fervent pratiquant catholique et qu’il veut en faire un projet phare. Il faut dire que l’évêché d’Évry ne peut pas être considéré comme un promoteur tout à fait banal, la cathédrale n’allant à aucun niveau passer inaperçu tant l’enjeu d’un tel projet est exceptionnel.

            Tous deux font partie de ce que Claude Mollard appelle le premier cercle de personnes concernées par la construction de la cathédrale d’Évry. Avec eux, il y a une poignée d’hommes indispensables sans qui l’édifice n’aurait pas vu le jour.

            On peut dire d’ailleurs que la décision de lancer le projet n’aurait pas eu lieu sans la rencontre de l’homme d’Église, Monseigneur Herbulot, et d’un homme d’État, Jack Lang (ministre de la culture). Ce dernier considère la cathédrale comme un édifice ayant une très grande importance au niveau culturel et contre l’avis de ses collaborateurs décide que l’État apportera une aide au financement de l’investissement. En fait le raisonnement n’est pas illogique dans la mesure où « les cathédrales d’hier sont devenues propriétés de l’État, ce qui justifie le rôle éminent que joue à leur égard le ministère de la culture. Mais celle d’Évry est œuvre privée du fait de la séparation de l’Église et de l’État. Cependant la tradition est si ancrée dans nos moeurs que le lancement fait se rejoindre l’homme d’Église et l’homme d’État, sans que l’opinion publique, hors mis quelques exceptions, trouve cela choquant. »

 

            Aux cotés de l’évêque, il y a un homme qui va jouer le rôle de maître d’ouvrage. Il s’agit du père Alain Bobière (vicaire épiscopal et chancelier de l’évêché), qui va être chargé de « chercher les financements, engager les actions de communication, opérer les arbitrages au jour le jour entre entreprises et maître d’ouvrage, solliciter les dons de personnes privées, organiser les mailings ».

            Ensuite, nous pouvons parler de Claude Mollard que nous avons déjà cité à plusieurs reprises dans ce travail. Il est conseiller à la Cour des Comptes et il a crée une agence d’ingénierie culturelle, dite A.B.C.D. (Art, Budget, Communication, Développement). De plus, il a, entre autres, travaillé pour le projet du Centre Georges Pompidou à Paris. Enfin, il est intervenu en tant que consultant pour la cathédrale d’Évry. Ce est-à-dire qu’il a été appelé à jouer un rôle de conseil en matière de stratégie et de médiation en assistant l’Etablissement public au départ, puis l’association diocésaine maître d’ouvrage du projet. Il explique lui-même à son sujet : « Je contribue à la recherche des financements à la fois publics et privés, notamment en matière de mécénat et de stratégie de collecte des dons. L’agence ABCD intervient pour définir le plan de communication : création du comité de parrainage, organisation de colloques et de rencontres, d’expositions itinérantes, etc. Enfin je joue le rôle de conseiller artistique, aidant l’évêque à choisir les artistes appelés à prendre place dans les bâtiments. »

 

            Enfin, pour clore ce premier cercle de personnes impliquées dans l’implantation de la cathédrale, nous allons présenter l’architecte : Mario Botta.

            Il est choisi par Guy Herbulot, conseillé par les membres de l’EPÉVRY, dans la mesure où il a déjà construit plusieurs églises dans le Tessin, en Suisse, son pays d’origine (par exemple la petite église de Mogno). « C’est d’abord un architecte de maisons, et ses premières réalisations sont avant tout des lieux de vie, des espaces de lumière, des structures fonctionnelles, adaptées par leurs formes et leurs ouvertures à l’environnement tessinois. » D’ailleurs, au sujet de la cathédrale d’Évry, Mario Botta dira : « J’ai pensé au projet de la maison de Dieu avec l’espoir de construire la maison de l’homme. » Il est responsable de la création du projet et dans la mesure où c’est à lui que nous devons la cathédrale d’Évry telle qu’elle est construite aujourd’hui (son implantation dans un site donné, sa forme, ses références symboliques ou autres), nous allons développer la vie de cet homme d’avantage que celles des hommes précédemment cités en énonçant quelques dates le concernant :

 

Date de naissance          1er avril 1943 (à Mandrisio), Suisse

Éducation                     École primaire à Genestrerio (Canton du Tessin)

                                      École secondaire à Mendrisio

 

1958 – 1961                   Élève dessinateur dans l’atelier d’architecture de Carloni et         Camenisch à Lugano

 

1961 – 1964                   Lycée artistique de Milan

 

1964 – 1969                   Études à l’Institut Universitaire d’Architecture de Venise            (I.U.A.V.)

 

1965                              Travaille dans l’atelier Le Corbusier pour le nouvel hôpital de     Venise avec Julian de la Fuente et José Oubrerie

                                      Travaille dans l’atelier de Le Corbusier, 35, rue de Sèvres à Paris

 

1969                              Rencontre Louis Kahn à Venise et collabore au montage de         l’exposition du projet pour le nouveau palais des congrès

                                      Diplôme d’architecture sous la direction de Carlos Scarpa et       Giuseppe Mazzariol

 

1969                              Début de l’activité professionnelle ; ouvre un bureau à Lugano

 

1976                              Professeur invité à l’École Polytechnique Fédérale de Lausanne

 

Dès 1979                       Conférences en Amérique et en Europe

 

1982 – 1987                   Membre de la Commission Fédérale Suisse des Beaux Arts

 

1983                              Membre honoraire du Bund Deutscher Architekten

 

1984                              Membre honoraire de l’American Institute of Architects

 

1985                              Prix d’architecture « Béton 85 »

 

1986                              Chicago Architecture Award

 

1986                              Exposition personnelle au Museum of Modern Art, New-York

 

1987                              Professeur invité à la Yale School of Architecture New Haven,   Connecticut

 

1989                              « Backsteen Award » de la « Royal Dutch Brick Organisation » (Hollande)

                                      Membre du Comité du premier Cours International de Projets     d’Architecture organisé par le CISA (Centre International   d’Etudes en Architecture « Andréa Palladio »)

                                      Prix CICA (Comité International des Critiques d’Architecture)   Biennale Internationale d’Architecture 1989 Buenos Aires – Argentine

 

            Il faut ajouter que le fait que Mario Botta soit un Architecte connu a permis dans le monde du star système qui est le nôtre, de faciliter indirectement le financement de la cathédrale. En effet, il a su amener le projet devant les médias et s’attirer ainsi des critiques très positives.

 

            Enfin, vu que l’architecte est un personnage dont l’emploi du temps est très chargé, il avait, à Évry, un représentant permanent qui est Antonio Scala ; il ne venait en effet sur les lieux de manière assez brève, et devait en même temps s’occuper des journalistes et des hommes politiques.

 

            Le deuxième cercle, toujours selon Claude Mollard, concerne d’avantage le déroulement des travaux et du chantier que la mise en place du projet lui-même. Il s’agit par exemple de personnes s’occupant plus particulièrement du financement (banquiers), de chefs d’entreprises médiatiques et intervenant dans la construction, de coordinateurs au quotidien… mais nous ne pensons pas qu’il soit nécessaire de les développer tous dans cette étude.

            Enfin, le troisième cercle concerne des dizaines, des centaines, voire des milliers de personnes. Il est composé des nombreuses entreprises qui n’ont pas été appelées à intervenir sur le chantier bien qu’elles étaient intéressées, des dizaines d’artistes, tous les membres du comité de parrainage, les journalistes, les entreprises donatrices…, et bien entendu les centaines de milliers de donateurs, sans lesquels le projet n’aurait jamais vu le jour.

 

            Les fonds.

 

            Le projet de la cathédrale d’Évry aura été lancé en très peu de temps vu que six mois auront suffi. Par contre, la mise en place d’une stratégie de communication et de financement va mettre, une fois le projet lancé, plus d’un an. Le coût global du projet dépasse déjà au départ les quarante millions de francs et va arriver à la fin à près de soixante millions, dont cinq sont assurés par Les Chantiers du Cardinal et cinq autres par le ministère de la culture. En fait, les rentrées financières ne vont pas se dérouler aussi facilement qu’il peut paraître et par exemple, « la direction du patrimoine qui finance les quatre-vingt-sept cathédrales, propriété de l’État, fait preuve d’une particulière réticence à toute intervention ». C’est alors que pendant trois ans, des investigations successives vont être menées pour obtenir les fonds nécessaires. C’est là que va intervenir l’agence ABCD de Claude Mollard, et plus tard une autre agence, Cause Première.

            « Ainsi trois priorités s’imposaient d’emblée: le lancement d’une première souscription nationale au caractère médiatique prononcé; la constitution d’un comité de parrainage, capable à la fois par la diversité des noms et des tendances qui le composaient, mais aussi par leur position éminente dans la France intellectuelle de la fin du XXème siècle, de provoquer l’élan souhaité; enfin l’organisation en septembre 1989, du colloque consacré au retour du monumental, propre à officialiser, de par ses intervenants, le temps du retour de l’Église à la visibilité. » Cette première campagne de souscription a été dès le départ couronnée de succès et il a alors fallu frapper encore plus fort au début de l’année 1990: Campagnes d’affichage de panneaux de quatre mètres sur trois, ayant pour slogan « Qui peut bâtir une cathédrale?…Vous! » et pour sous titre « La France l’attendait depuis un siècle. »; exposition consacrée à la cathédrale d’Évry et à l’Art sacré dans la station de RER Auber et des affichages complémentaires du 14 au 20 février 1990 dans six cent vingt-huit espaces dans les stations de métro; une campagne de mailing visant deux millions de correspondants… « L’Essonne s’affirmait ainsi comme le premier diocèse investi dans une campagne de marketing direct. »

 

            Par ailleurs, on peut dire que les dons sont d’abondance et de provenances très diverses. Ils proviennent de bien des pays différents (France, Brésil, Maroc, Grèce, États-Unis, Roumanie, Allemagne, Grande Bretagne…), de fidèles d’autres confessions et même d’athées et varient entre cinquante et vingt mille francs. La recette à ce moment-là est d’environ douze millions de francs.

 

            En décembre 1990, c’est la deuxième campagne de communication lancée par l’agence Cause Première: des affichages à Paris et en Province, un spot publicitaire sur RTL avec la voix de Robert Hossein « Nos ancêtres par la seule force de leurs mains, ont élevé pierre par pierre les cathédrales de notre pays. Aujourd’hui renouons avec cette grande tradition historique. Ensemble, bâtissons la cathédrale d’Évry. », un mailing élargi à tout l’Hexagone. Ceci a eu pour conséquence une augmentation des dons de près de cinquante pour-cent et à la veille de la pose de la première pierre, la somme réunie est de trente millions de francs.

 

            Ensuite, la loi de 1987 « sur le mécénat d’entreprise offrait de réelles possibilités, désormais, d’assurer certaines déductions fiscales pour toute action touchant le domaine culturel au sens large du terme. La cathédrale d’Évry faisait donc partie de celles-là ».

 

            Nous pouvons donc dire que pour la plus grande majorité, c’est grâce à des investissements privés que la cathédrale d’Évry a pu être édifiée. D’ailleurs, en mai 1991, Il y avait soixante mille donateurs pour une somme de dix millions de francs et début 1992, cent trente mille donateurs et quarante-cinq millions de francs de dons, et enfin en juillet 1992, quarante-cinq millions de francs sont réunis, en comptant les cinq millions de l’État ainsi que ceux des Chantiers du Cardinal.

            Nous allons encore citer Olivier Blanchard, responsable du budget pour l’agence Cause Première, au sujet de la collecte des fonds: « Au moyen âge, les catholiques venaient donner une journée de travail pour participer et suivre la construction des cathédrales. Au XXème siècle, l’échange passe par l’argent, mais les besoins d’appartenance et d’identité restent les mêmes. Au fond, les mentalités n’ont pas changé. »

 

Généralisation

 

            Division du territoire en diocèses et en paroisses.

 

            Si l’implantation d’une cathédrale est liée à la création d’un diocèse, on peut dire de la même manière que la construction d’une église est toujours en relation avec la naissance d’une nouvelle paroisse. La paroisse aujourd’hui, selon le droit canonique, est une « subdivision du diocèse (can 374). Communauté stable de fidèles confiée à un curé (can 515-552). ». Mais au départ, elle est née de la dissociation de l’Église par rapport à l’Église de Jérusalem. Chaque paroisse est l’Église à part entière dans un lieu précis; c’est l’habitation de l’Église, l’Église du lieu.

            Les paroissiens devaient facilement pouvoir se rassembler et l’évêque ou le curé responsable de la paroisse devait connaître personnellement tous ses fidèles. C’est ainsi que dès l’édit de Milan en 313, les paroisses rurales se sont multipliées afin que les catholiques soient proches de leur lieu de culte. La carte des premières paroisses correspond alors à la carte des villas romaines et des plus anciens villages. En milieu urbain, il faut attendre le XIème siècle pour trouver plusieurs communautés dans une même ville.

            La cathédrale est l’église où se trouve le siège épiscopal (cathedra). Elle est d’abord seule dans le territoire de l’évêque puis, lors de la division du diocèse en plusieurs paroisses, elle fait partie de l’ensemble des lieux de culte du diocèse avec pour seule particularité de contenir le siège de l’évêque.

            Il n’existe qu’une église paroissiale par paroisse, de même qu’il n’y a qu’une seule cathédrale par diocèse.

            « La règle est, on le sait, que la carte des cathédrales ne fait que refléter celle des diocèses passés ou actuels. La base essentielle est à cet égard, la France de 1789, en ajoutant naturellement au royaume la partie aujourd’hui française des États de Savoie (Savoie et Comté de Nice) et le territoire pontifical du Bas-Rhône (Avignon et Comtat Venaissin). » Le royaume de France comptait en 1789 cent trente-cinq diocèses d’origine très variée.

            Le nombre de diocèses et donc de cathédrales va ensuite être à plusieurs reprises modifié, mais la carte de 1789 va rester la répartition de référence.

Les diocèses ont été crée, nous l’avons vu, à partir des cartes des cités gallo-romaines et vont ensuite aboutir très fréquemment aux départements de la Constituante, donc aux structures actuelles de la France. Cependant, beaucoup de sièges épiscopaux ont été supprimés entre 1801 et aujourd’hui. 1801 correspond au concordat. A ce moment, le nombre des diocèses est descendu à cinquante-trois, ce qui était bien trop faible par rapport à la superficie de la France. De plus, des sièges épiscopaux comme Reims et Sens ont momentanément été privés d’évêque. Il faut attendre 1822 pour que Pie VII remette en place des diocèses et il y en a alors quatre-vingt pour quatre-vingt six départements.

Le nombre des cathédrales est ensuite resté stable jusqu’à la création des diocèses de Laval et Lille, respectivement en 1855 et 1913.

Depuis « les réalités de la France urbaine et industrielle du XXème siècle ont provoqué la création, à partir de 1966, d’assez nombreux diocèses nouveaux: cinq en Ile de France en 1966, correspondant aux nouveaux départements de banlieue (c’est alors que la vénérable basilique de Saint Denis fut érigée en cathédrale), puis les diocèses de Saint Étienne (1970), du Havre (1974), de Belfort-Montbéliard (1979) ». C’est d’ailleurs ce que nous avons évoqué au sujet de la cathédrale d’Évry.

Les créations ou suppressions de diocèses sont toujours liées à des changements politiques, à des modifications des frontières du royaume ou encore à des croissances démographiques.

En ce qui concerne l’implantation des autres églises, « un décret de la commission d’interprétation du Code de 1917, en date du 26 septembre 1921, affirmait qu’il suffisait à l’évêque, pour ériger une paroisse, d’assigner un curé à un territoire précis, pour qu’il prenne soin des fidèles, avec une église correspondante. Il n’y avait pas besoin de décret formel à cet effet ». Donc, si aucun lieu de culte n’existe ou n’est à la mesure de la paroisse crée, il faut y ériger une nouvelle église. Il importe de faire remarquer ici que les paroisses actuelles sont très chargées dans la mesure où elles comptent environ trente mille habitants chacune.

 

Contexte politique et social, les relations de l’Église et de l’État

 

L’Église, nous l’avons vu, va calquer son organisation et son système hiérarchique sur l’Empire romain. De même les relations entre l’Église et l’État vont être très importantes au cours des siècles en ce qui concerne l’édification des bâtiments de culte. En effet, selon le poids de chacune des institutions, nous avons dans l’Histoire des périodes où l’on a tendance à construire des églises et d’autres où l’on a tendance à les détruire.

C’est ainsi que le moyen âge va utiliser les richesses dues à l’essor des villes, à la prospérité artisanale et commerciale pour construire les plus majestueux lieux de culte de la France chrétienne: les cathédrales gothiques. Il faut dire qu’à cette époque l’Église et l’État ne sont pas séparés et que le catholicisme est religion d’état. De plus, les instabilités politiques du moment permettent au clergé de diriger le pays.

A l’inverse, la France de la Révolution Française va détruire et donc ne permettre aucune construction cultuelle digne de ce nom.

Plus proche de nous, l’après-guerre (1939-1945) est une période basée sur la réorganisation de l’économie à cause des dettes de la guerre. Il faut reconstruire car les sinistres sont importants, également dans le domaine religieux. De plus, les paroissiens ont besoin de reconstruire leur patrimoine affectif. D’après le regroupement des églises dévastées, quatre milles églises sont sinistrées au cours de la deuxième guerre mondiale dont les quatre cinquièmes sont catholiques. Le climat est donc à la reconstruction de lieux de culte mais aussi à la construction en général.

Les liens entre les événements historiques, le contexte social et les relations entre l’État et l’Église sont déterminants à chaque époque en ce qui concerne l’édification ou l’implantation d’un lieu de culte quelque part. Nous verrons dans l’exemple de la cathédrale d’Évry le contexte économique et social qui a permis son édification.

 

Rôle de l’église

 

            Le rôle de l’Église a un peu évolué au cours des siècles, mais surtout depuis le siècle dernier. Une religion est avant tout une discipline à suivre. Le rôle de l’Église a été depuis ses débuts d’éduquer les fidèles et de leur enseigner la bible, la parole de Dieu. D’une part grâce aux hommes d’Église, au clergé qui imposait son autorité et une certaine discipline de vie au sein des fidèles (participation régulière au culte, aux sacrements, à la confession, etc.). D’autre part grâce aux livres de pierre que sont les édifices religieux à travers lesquels tout un chacun pouvait s’instruire en fonction de son niveau de connaissance, de son niveau de conscience.

 

Nous allons brièvement parler de l’évolution du rôle de la cathédrale au cours de son histoire.

« (…) Ainsi l’édifice a pu apparaître très tôt comme un symbole de prestige et de puissance en même temps qu’un lieu liturgique et administratif. A l’époque gothique, avec le développement des villes, il est aussi devenu un lieu populaire où se déroulaient toutes les grandes fêtes urbaines et officielles. » La cathédrale est au moyen âge signe de la chrétienté et d’une communauté humaine. Elle n’était donc pas seulement un lieu de culte mais aussi un « lieu où on pouvait discuter des affaires publiques. Rappelons aussi qu’à ce même moment elle avait encore son rôle paroissial dont nous avons parlé plus haut. »

« Au XIIIème siècle les cathédrales furent accaparées par le clergé qui en revendiquera l’usage exclusif et en expulsera toutes les activités profanes. Progressivement les églises devinrent le symbole de l’alliance de l’Église et du Pouvoir plutôt que le symbole de la vie de la communauté. L’église n’était plus la maison du peuple de Dieu. » La cathédrale va perdre à ce moment-là son rôle paroissial. Les fonctions du chapitre et de la cathédrale vont être réduites à un rôle liturgique et cultuel. Nous allons citer pour illustrer et expliquer ce fait Michel Chevalier dans La France des cathédrales du IVème au XXème siècles.

« La fonction du chapitre cathédral est devenue purement cultuelle: prier et chanter la gloire de Dieu. Il s’agit avant tout de la récitation et du chant, parfois en pleine nuit comme à Paris et à Lyon, des heures canoniales. D’église du peuple, la cathédrale tend à devenir une « maison de prière ». Comme l’a montré F.Ryckesbush (1995), les situations locales sont multiples. Si la plupart des grandes cathédrales du Nord ignoraient, comme à Paris, la fonction paroissiale, le fait paraît plus rare dans le Midi, sauf là où on a affaire à des cathédrales tardivement érigées dans une ville possédant déjà son organisation paroissiale (Sarlat, Saint Pons). D’ailleurs s’il s’agit tantôt de cathédrales ne possédant qu’une microparoisse: avant tout le clergé et le personnel de la cathédrale, tantôt de cathédrales placées à la tête d’une paroisse normale.

Pourtant cette fonction paroissiale reste le plus souvent subalterne. Elle était parfois reléguée dans un bâtiment annexe. Tel était le cas de Condom (au sud de la cathédrale, chapelle paroissiale qui sera détruite sous la restauration) et à Angers (petite église en bordure du cloître). Il pouvait s’agir aussi d’une nef secondaire, parfois vestige d’une ancienne cathédrale double: Grenoble (nef Saint Hugues), Béziers (Notre Dame du Siège), ou même d’une crypte (Autun). Mais le plus souvent la paroisse était établie dans une chapelle de la nef ou du coeur, au mieux dans la chapelle axiale. C’est le cas de Narbonne et Amiens, où cette chapelle était le siège de ce qu’on appelait la Petite Paroisse dont le curé était le doyen du chapitre. À Rouen la chapelle paroissiale était établie au rez-de-chaussée de la célèbre tour de Beurre. Enfin la paroisse pouvait disposer d’un simple autel (placé sous le jubé à Lavaur et à Mirepoix). La règle comportait cependant des exceptions, comme à Quimper, où les quatre paroisses de la ville avaient toutes leur siège à la cathédrale, et à Gap dont la paroisse principale, Saint Arnoux, était établie dans la cathédrale. »

Depuis le Concordat (1801), la cathédrale a retrouvé son rôle paroissial:

« Son clergé a charge d’âmes au même titre que le clergé des autres églises. La situation des cathédrales du premier millénaire présentait d’ailleurs des aspects comparables. Comme l’a fortement marqué G. Le Bras (1954), il faut se représenter la cité épiscopale généralement exiguë du premier millénaire comme ne disposant, les monastères urbains mis à part, que de la seule église cathédrale, ou plus exactement du groupe épiscopal qui lui est associé. »

Encore aujourd’hui, la cathédrale a dans la ville des obligations paroissiales. Cependant, on peut dire que son rôle dans la cité a quelque peu évolué. Elle « a cessé depuis longtemps d’être associé au pouvoir temporel des clercs ou a une monarchie marquée par le sacré. Confinée dans son rôle mythique et touristique, elle a aussi cessé d’être pour les simples, une encyclopédie de la foi. Tandis qu’elle était privée de ce qui constituait jadis son environnement urbain comme du monde clérical qui l’enveloppait, la cathédrale aujourd’hui si admirée, a paradoxalement perdu, aux yeux du plus grand nombre, ses raisons d’être initiales: l’Evêque et son clergé, la glorification des saints, la prière canoniale perpétuelle, enfin la foi du peuple chrétien ».

On peut dire enfin au sujet de la cathédrale que le bâtiment lui-même n’est plus le point culminant dans la mesure où la ville est aujourd’hui pleine de bâtiments gigantesques ayant bien sûr une autre fonction que la fonction religieuse. Cependant, il est tout de même important de souligner que l’église de village ou l’église de quartier reste un lieu de rencontre non négligeable et que le clocher se trouve être le point de ralliement des habitants, sur le parvis de l’église.

 

Les personnes concernées par la décision d’implanter un lieu de culte.

 

La construction d’un bâtiment ne relève jamais d’une seule personne. De même, l’édification d’une église comprend toute une série d’initiateurs qui permettent de mettre sur pied un projet ; c’est bien ce que nous avons constaté lors de la mise en place du projet de la cathédrale d’Évry.

En effet, déjà au Moyen Age, « comme de nos jours, toute sorte de personnages intervient dans la décision de construire une église et dans sa réalisation. Il est donc intéressant de les connaître pour cerner de plus près la réalité.

Il est fréquent d’attribuer la paternité de tel ou tel édifice cathédral à l’évêque : et de citer bien sûr Suger pour Saint Denis, Maurice de Sully pour Notre Dame de Paris, Guillaume de Seignelay pour Auxère ou milon de Nanteuil pour Beauvais. Toutefois si l’impulsion est en effet le plus souvent le fait de l’évêque, la construction proprement dite et tout son suivi reviennent en général au chapitre, c’est-à-dire l’assemblée des chanoines dont l’origine remonte au haut moyen âge, lorsque l’évêque, dans un souci de bonne administration de son diocèse, voulu assurer l’assistance d’un ensemble de prêtres, sorte de conseil privé.

En ce qui concerne une église paroissiale, à coté des paroissiens, qui étaient pour la plupart de modestes serfs, il existait toute une série d’intervenants. Le curé d’abord, personnage souvent considérable, percepteur des dîmes. Le doyen de la chrétienté, représentant local de l’évêque, le dernier dignitaire accessible, de rang et de race princière. Le patron ou le collateur de la cure, personnalité laïque ou ecclésiastique ayant qualité pour présenter à l’évêque un candidat à la cure en cas de vacance, auquel l’évêque donnait l’investiture canonique. Enfin le seigneur temporel du lieu dont les paroissiens étaient les sujets: la construction d’une église était l’oeuvre collective de tous ces gens qui commandaient les travaux, déterminaient les choix architecturaux, payaient les ouvriers ».

 

Un exemple précis du XIXème siècle a été expliqué par Jacques Benoist montrant l’importance des différentes personnes et communautés intervenant dans l’édification d’un lieu de culte. Il s’agit du Sacré Coeur de Montmartre:

Ce sont des laïques, Alexandre Félix Legentil et Hubert Rohault, faisant tous les deux partie de la société laïque de Saint Vincent de Paul, qui ont décidé de construire une église pour la dévotion au coeur de Jésus.

« Un négociant parisien (Alexandre Félix Legentil) et ses relations ayant à coeur le sort de Paris et de la France ainsi que du pape, durant le terrible automne 1870, promettent à Dieu de construire une église en l’honneur du coeur de Jésus pour recevoir de lui les secours nécessaires. Ils sont soutenus dans leur vie spirituelle et doctrinale par des religieux surtout des Jésuites et des Dominicains et ne veulent rien faire sans l’accord de leur ordinaire, l’archevêque de Paris, et du plus grand nombre d’évêques de France. »

L’initiative est d’un laïc, mais dans ce cas-ci, Monseigneur Guibert archevêque de Paris devient un des fondateurs principaux de l’oeuvre, encouragé par Alexandre Félix Legentil, et tous les évêques sont concernés.

 

Il faut faire remarquer tout de même qu’il est arrivé dans l’histoire qu’une seule personne soit à l’origine de l’édification d’un lieu de culte, d’une église, d’une chapelle. Il s’agit de « propriétaires de villae désireux d’avoir chez eux un service religieux qui firent construire des églises sur leurs domaines et les dotèrent de biens-fonds qui donnèrent un revenu suffisant pour l’entretien du curé. Ils demeurèrent propriétaires du fond de l’église et eurent le droit de choisir le prêtre chargé de la paroisse, l’évêque se réservant un examen de capacité pour le prêtre désigné. Les habitants de chaque domaine voulurent un curé pour eux seuls. » Donc, l’initiative est aux grands propriétaires, cependant l’évêque doit approuver la création d’une nouvelle paroisse et reste l’autorité en ce qui concerne le fonctionnement à venir de leurs lieux de culte.

 

Aujourd’hui encore, diverses personnes interviennent dans la décision de construire une église. Elles sont regroupées en Commission Interdiocésaine d’Art Sacré (CIAS) et dans les Chantiers du Cardinal pour ce qui est des deux organismes principaux, mais il en existe d’autres comme par exemple le comité national des constructions d’églises (crée en 1961 pour le financement et l’acquisition des terrains). Ecclésiastiques et laïques s’y retrouvent pour décider des nécessités et gérer les entreprises de l’Église. Nous allons citer Suzanne Robin pour expliquer ce que sont ces deux associations.

Affaires relevant des séances plénières de la Commission Interdiocésaine d’Art Sacré:

« C’était principalement les dossiers concernant les constructions nouvelles d’églises ou de relais paroissiaux. L’implantation dans le secteur à desservir et le programme de la construction étant déterminés par l’autorité pastorale. L’architecte chargé de la construction présentait à la commission une esquisse de son projet. (…) La CIAS se composait d’un président de commission, délégué par l’évêque, un secrétaire général, délégué des Chantiers du Cardinal à la commission, le lien entre les deux organismes, un prêtre représentant chacun des nouveaux diocèses de la région parisienne, plusieurs architectes (deux ou trois en général) dont l’un représentait le Conseil de l’Ordre, et des personnalités invitées selon l’ordre du jour. »

Les Chantiers du Cardinal :

« Les Chantiers du Cardinal, dont le siège est à Paris, est un service de l’archevêché de Paris. Le cardinal et les trois évêques des quatre diocèses parisiens ont chargé l’évêque de Créteil d’être leur représentant et le responsable des constructions dans quatre diocèses. Il est assisté d’un secrétaire général ecclésiastique, et d’un secrétaire général adjoint, laïque. Il existe un comité directeur composé de prêtres et de laïques et dont la présidence est assurée par l’évêque de Créteil. Le secrétaire général se préoccupe tout particulièrement d’établir les programmes de la construction, en tenant compte des services d’urbanisme, des demandes des paroisses et des évêques ainsi que des ressources prévisibles des chantiers et des paroisses, en particulier celles qui peuvent provenir des ventes de terrains. »

 

Les fonds

 

Dans l’implantation d’un bâtiment, on ne peut évidemment pas passer à coté de la question financière; sans fonds, il n’y a pas de construction. Et ce sont les périodes de prospérité économique qui ont vu édifier des églises.

Au Moyen Age par exemple, « l’édification des cathédrales est étroitement liée à l’essor des villes, en particulier à une prospérité artisanale et commerciale qui permettait d’alimenter financièrement d’aussi gigantesques chantiers ».

            Avant la séparation de l’Église et de l’État, l’État prenait en charge une large part du financement des édifices religieux. De plus, des confréries sont spécialement crées pour collecter des fonds, et tous les moyens sont bons pour y parvenir : ainsi, ils pratiquaient ce qu’on appelle l’ostentation itinérante qui consistait en l’organisation de tournées de reliques sur le territoire national, mais aussi à l’étranger. Ces pratiques étant un peu trop abusives, elles ont été interdites lors du Conseil de Latran en 1215. Malgré cela, les exemples ne manquent pas dans l’histoire, d’églises ou d’églises-cathédrales dont les travaux ont été interrompus pendant plusieurs d’années; ce qui a d’ailleurs souvent conduit à des bâtiments ayant plusieurs styles architecturaux.

Cependant, « en réalité, ce qui sauve très certainement le chantier d’un endormissement fatal, c’est la variété des fonds qui vont permettre, bon an mal an, de faire progresser la construction. Comme nous l’avons déjà évoqué plus haut, (pour le cas d’une cathédrale) l’évêque est souvent le premier à intervenir : ainsi, Maurice de Sully finance en partie l’achat du plomb pour la toiture de la nef de Notre Dame de Paris ; Jean de Paris, au XIIIème siècle, affecte personnellement une somme pour les travaux du transept, et les offrandes de Simon Matiffas de Buci dépassent cinq mille livres ». La fabrique puise elle aussi dans les ressources issues de ses propriétés.

 

Aujourd’hui, l’Église, en théorie, ne peut plus compter sur l’État pour ce qui est de l’édification de ses lieux de culte. Cependant, le statut des églises a tendance à changer et c’est ainsi que d’édifices cultuels, elles sont en train de passer à des édifices culturels. C’est par ce biais-là que l’État aide, dans une certaine mesure, au financement des projets.

 

Rôle de l’église au point de vue du cosmo-tellurisme; nécessité d’un bâtiment pour réharmoniser un lieu, pour dompter son énergie.

 

Nous allons à présent évoquer un sujet qui n’a pas du tout été pris en compte pour la construction de la cathédrale d’Évry. Cependant, il intéresse de plus en plus d’architectes, et il est donc intéressant de se mettre au courant des études menées par certains dans le domaine cosmo-tellurique.

« Au moyen âge, Basilius Valentitius disait que la terre n’était pas un corps sans vie. » C’est-à-dire qu’il y a dans la terre la même énergie que dans l’homme et dans tous les êtres vivants. Les Chinois à travers la pratique du Feng Shui ont toujours su exploiter ces forces pour mettre en relation les énergies du ciel et de la terre et rendre la vie la plus bénéfique possible pour l’homme. Selon Jacques Bonvin, « c’est en fait la seule responsabilité de l’homme sur cette terre, où il doit capter les énergies telluriques qui montent d’en bas, recevoir les énergies cosmiques et stabiliser les deux en son centre ». Par rapport au Feng Shui, on peut dire qu’ « en occident, la science du tellurisme a toujours tenu une grande place dans la tradition celtique, héritière du mégalithisme. Ainsi le Dragon et le Serpent y sont-ils très souvent mentionnés comme expression de l’énergie de la terre et la wouivre comme expression de celle du ciel. Ces énergies de la terre sont souvent liées à la présence de failles et en relation avec la circulation des eaux et des fontaines ». En effet, l’eau est un très bon conducteur et véhicule l’énergie magnétique due à la composition du sous-sol. Aussi, « depuis l’aube de la vie l’homme a recherché les « points forts » de la planète. Ces centres magnétiques résultent de l’interférence entre les courants telluriques, les champs magnétiques terrestres, les lignes sismiques et la géologie (les failles, les cours d’eau, les gisements). Mais ces hauts lieux magnétiques extrêmement puissants pouvaient être positifs comme ils pouvaient s’avérer négatifs. L’homme de jadis, par ce savoir et cette connaissance aujourd’hui perdus, savait comment canaliser ces énergies et connaissait le moyen de transformer certains sites extrêmement perturbés en lieux bénéfiques et régénérateurs, par l’utilisation de la puissance des courants. » C’est ce qu’on appelle travailler avec la géobiologie. Cependant, le but de la géobiologie n’est pas de supprimer les forces négatives mais de les stabiliser et de se servir de leurs énergies pour obtenir un équilibre harmonique propre à développer la vie. On s’aperçoit de plus, que « ces endroits si perturbés sur le plan géomagnétique, permettent une résonance particulière avec l’énergie cosmique que l’homme, par l’intermédiaire d’antennes de pierre, soit menhir, soit clocher, va capter en l’associant dans un schéma constructif et complémentaire à l’énergie tellurique, créant ainsi une entité vibratoire qui rétablira l’équilibre ».

Nous arrivons donc ici au rôle de l’église-bâtiment. Nous le verrons ultérieurement, les bâtiments religieux ont bien souvent été placés sur d’anciens lieux de culte païens, voire des dolmens ou des menhirs. Ils jouent d’ailleurs au point de vue cosmo-tellurique le même rôle que ces premiers monuments. Nous allons illustrer ici l’exemple de l’emplacement des menhirs, ou plutôt de certains menhirs, d’après les études de l’Association Archéologique Kergal sur la région morbihanaise (les alignements de Carnac).

Nous avons vu ci-dessus que la composition du sous-sol est à l’origine des instabilités énergétiques à la surface de la terre. La région morbihanaise est constituée « d’une plate-forme de granulite, entourée de trente et une failles géologiques. La granulite est composée principalement de quartz (dont nous connaissons les propriétés de piézo-électricité) et de grains éparpillés de magnétite. Cette magnétite est un oxyde de fer ayant la particularité d’attirer le fer. Il s’agit donc d’un aimant permanent naturel dont les vertus étaient aussi connues des anciens Grecs. En profondeur, surtout dans les roches éruptives acides comme le granit, elle constitue des poches et des amas souvent importants, ayant une teneur en fer de 50 à 70% ».

            Par ailleurs, qui dit failles dit possibilité de séisme, et le sud du Morbihan est la contrée de France la plus secouée ;deux fois plus que le reste de la France.

Selon leurs études, les alignements de menhirs permettraient de stabiliser la zone. « La région de Carnac serait une zone de stabilité magnétique limitée par les files de menhirs ; ceux-ci , telles des aiguilles d’acuponcture, régulariseraient et rééquilibreraient le réseau d’énergie tellurique. »

Ceci est un exemple sur une très large zone perturbée. Par ailleurs, il faut signaler qu’un menhir est toujours positionné sur un emplacement mauvais. Donc en tout endroit très ponctuel sur lequel est positionné un menhir on a une transformation d’énergie négative en énergie bénéfique et régénératrice pour l’homme. Ce qui fait que finalement un menhir se trouve toujours dans un lieu devenu positif. (Contrairement au dolmen pour lequel le site reste négatif.)

Comme nous l’avons vu plus haut, un clocher d’église jouerait le même rôle. En fait, c’est l’édifice tout entier, avec son style architectural propre, ses matériaux, sa forme, ses dimensions, qui transforme le lieu en un lieu magique. D’ailleurs, qui n’a pas ressenti une atmosphère particulière à l’intérieur des grandes cathédrales, mais aussi dans de toutes petites chapelles de campagne ?

 

Nous arrivons ici à un exemple d’édifice religieux, une cathédrale qui sert de stabilisateur dans une région. Nous allons nous appuyer pour cela sur un ouvrage établi par G. Altenbach et B. Legrais, Lieux magiques et sacrés d’Alsace et des Vosges, dans lequel ils décrivent et commentent tous les lieux forts de la région. Il s’agit ici de la cathédrale de Strasbourg. Elle a été construite à l’emplacement du sanctuaire de l’ancienne bourgade celtique d’Argentorate. Nous allons donc citer l’étude précédemment énoncée :

« De nombreux récits populaires et légendes relatifs à la cathédrale de Strasbourg ont un singulier point commun : l’eau du sous-sol.

Paradoxe entre un lieu magique et sacré qui devait être baigné d’ondes bénéfiques et le sous sol gorgé d’eau, logiquement générateur de nocivité. »

Nous rejoignons ici ce que nous disions plus haut au sujet des menhirs placés sur des points négatifs.

« (…) Cette preuve formelle de l’importante présence de l’eau dans le sous-sol de la cathédrale (et de Strasbourg) peut plonger le lecteur dans le doute quant au « sens » dont étaient pourvus les bâtisseurs pour choisir les lieux de construction des cathédrales.

Pourtant l’onde de vie de la cathédrale de Strasbourg est positivement bénéfique. Mystère.

La cathédrale de Strasbourg a été bâtie sur un point d’énergie, à l’origine perturbé par différents facteurs comme l’eau ou certains champs magnétiques.

Les sanctuaires antiques qui se sont succédé à cet emplacement étaient édifiés en fonction de ce savoir concernant les énergies cosmo-telluriques.

Les bâtisseurs de la cathédrale, par la forme des pierres, leur emplacement et une architecture appropriée ont su créer ce haut lieu vibratoire. »

Il faut rappeler qu’un sanctuaire est avant tout un « haut lieu cosmo-tellurique où se marient les énergies du ciel et de la terre ».

L’église romane est elle aussi une machine créée pour régénérer et guérir. Il y a, à l’intérieur ce que l’on appelle le point menhir, c’est-à-dire le point qui a été inversé et est devenu extrêmement positif. C’est un peu comme si l’énergie du ciel était inspiré par le sol. Alors que dans le système gothique c’est comme si l’énergie du sol était aspirée vers le haut. Donc dans le gothique, « c’est par l’élévation que les constructeurs ont résolu le problème. Toute l’énergie montant vers le haut, une fois sortie de l’édifice, il ne fallait pas qu’elle retombe comme une chape de plomb sur les habitants du lieu. Il a donc fallu la casser, la diffracter, l’émietter, et c’est alors que sont apparus ce que l’on appelle en géobiologie, des éclateurs, mais que les historiens d’art appellent arabesques, archivoltes, enroulements, entrelacs, étoiles, fleurons, guillochis, roses, rosaces, volutes. Autant de motifs qui absorbent l’énergie et l’émiettent en fines particules dont les retombées sont sans danger pour l’homme. »

Chaque style architectural a donc trouvé comment réharmoniser un lieu qui en avait besoin.

L’architecture d’une cathédrale a une importante influence sur l’équilibre et l’harmonie interne mais aussi sur les proches environs extérieurs. C’est-à-dire que le rôle d’un lieu de culte, comme de certains mégalithes, nous l’avons vu, est de rendre un site énergiquement perturbé propice à la régénération et au bon développement de la vie.

« La cathédrale est en quelque sorte un point rayonnant qui, par une forme d’alchimie cosmo-tellurique, irradie des ondes bénéfiques aussi bien à l’intérieur qu’à l’extérieur. »